
Témoignage client-adhérent Cerfrance
Avoir un temps d'avance pour mieux faire face à l'avenir


"Mes quatre salariés agricoles pourront ainsi travailler sur cette activité en hiver, ce qui me permettra de stabiliser la masse salariale sans recourir à des saisonniers."

Gérer pour Gagner : Pouvez-vous nous raconter vos débuts d’entrepreneur ?
Arthur Koebel : Fils d’éleveurs et titulaire d’un BTS ACSE (Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole), j’ai grandi à la ferme. En 2019, dans le cadre de mes études para-agricoles, j’ai travaillé sur un projet de triage de cerneaux de noix, qui n’a pas abouti pour des raisons techniques. En 2020, j’ai relancé un projet de triage de céréales et créé SAS Koebel. Dès la fin de mon BTS, j’ai réalisé une première saison de tri consistant à nettoyer les grains après moisson et à les traiter contre les maladies.
G.P.G. : Comment s’est passée votre installation agricole ?
A.K. : L’installation agricole s’est faite en parallèle de mon projet de triage. La ferme familiale étant trop petite, j’ai cherché une exploitation à reprendre, ce qui a pris trois ans avant l’arrivée des premiers cochons. À l’école, on ne nous prépare pas assez à la longueur des démarches et à la lourdeur administrative. Il est difficile de concilier un emploi à temps plein avec une démarche d’installation. J’ai finalement repris une centaine d’hectares dont 70 % de surfaces fourragères et une ancienne ferme laitière. Il a fallu un an et demi pour obtenir l’autorisation d’élever des cochons fermiers sur paille ! Parallèlement, j’ai mené une étude de marché pour m’assurer d’avoir des débouchés. La partie bancaire n’a pas été simple non plus : il aura fallu trois passages en commission et deux refus avant de démarrer la construction du bâtiment.
G.P.G. : Qu’est-ce qui rend votre exploitation unique ?
A.K. : Mon projet a nécessité de tout reconstruire, en démontant l’ancien bâtiment laitier et en réalisant, avec mon entourage, la maçonnerie, l’électricité, les abreuvoirs, l’alimentation et la brumisation. J’ai conçu plusieurs équipements sur mesure, ce qui représente un investissement, mais garantit la qualité du produit. J’achète 60 porcelets toutes les trois semaines et je les décale d’un box à chaque fois, jusqu’au 10e qui se vide au moment des livraisons vers deux abattoirs. Ce système permet de purger, de nettoyer et de remettre de la paille fraiche et du foin pour avoir le moins de mouches et d’odeurs possibles. L'alimentation est distribuée le matin et chaque animal reçoit une ration homogène dans son espace dédié.
G.P.G. : Comment sont motivés vos choix de développement ?
A.K. : Depuis le début, j’ai constaté un manque de main d’œuvre, un défi que les jeunes agriculteurs vont devoir relever. Mon objectif est d’avoir une entreprise dont les saisons intenses ne coïncident pas avec celles de l’activité céréalière. En 2025, j’ai donc racheté une entreprise de transport et de commerce de paille et de fourrage. Mes quatre salariés agricoles pourront ainsi travailler sur cette activité en hiver, ce qui me permettra de stabiliser la masse salariale sans recourir à des saisonniers.
G.P.G. : Quels sont vos prochains projets ?
A.K. : Dans 5 ans, je prévois de reprendre l’exploitation de mon père afin de regrouper les deux fermes, ce qui me permettra de produire moi-même l’alimentation animale et d’agrandir mes surfaces. Atteindre une taille critique est essentiel pour pouvoir déléguer certaines tâches et se dégager du temps de gestion. Je suis convaincu que l’on a moins d’ouverture d’esprit sur les évolutions du métier si l’on reste seul.
Les clés de la réussite
Les conseils d’Arthur Koebel pour les futurs exploitants entrepreneurs :
- Tirer des leçons de ses erreurs, ainsi que celles des générations précédentes.
- Prévoir du temps pour l’administratif (environ un jour par semaine).
- Se faire accompagner, surtout si l’on est peu à l’aise avec les démarches administratives.
- Travailler la partie commerciale et fidéliser la clientèle.
- Anticiper pour bénéficier d’une visibilité à 18-24 mois.
- Diversifier ses activités pour garder un œil sur l’extérieur et prendre du recul sur l’agriculture.