
Le taux d’intérêt représente le prix de l’argent. Il varie en fonction des paramètres de l’opération : crédit ou dépôt, durée, nature des biens financés, solvabilité… Côté emprunteur, c’est le coût à payer pour bénéficier d’un capital immédiatement disponible. Pour le prêteur, c’est la rémunération perçue en contrepartie du placement d’un capital. Il ne s’envisage jamais seul. Avec le taux d’inflation, il forme un couple terrible et orageux.
La combinaison du taux d’intérêt – dit nominal – et du taux d’inflation engendre le taux d’intérêt réel (ce que rapporte réellement le placement, ou ce que coûte le crédit).
Le taux d’intérêt réel par l’exemple
Prenons différents cas de figure où le taux d’inflation est de 4 % et le taux d’intérêt nominal de votre emprunt est de 3 %. Le taux réel de votre emprunt s’élève alors à -1 % (3 % - 4 %). À l’inverse, si le taux d’intérêt nominal de votre emprunt est de 5 %, alors le taux réel de votre emprunt atteindra 1 % (5 % - 4 %). Dans le cas où vous êtes prêteur, le taux d’intérêt nominal de votre placement de 3 % aura un taux réel négatif (-1 %) du fait de l’inflation.
Une conclusion simple parait se dégager : il suffirait donc d’emprunter de l’argent lorsque l’inflation progresse et de le placer lorsqu’elle diminue. Mais la vérité est que nous sommes, à la fois, emprunteurs (à titre privé ou professionnel) et prêteurs. De même, l’inflation est variable dans le temps. Il convient donc d’analyser régulièrement le taux réel de nos emprunts et de nos placements et de les adapter aux conditions économiques du moment (arbitrages, renégociation, remboursement par anticipation…).
La prise en compte du contexte économique international
Pour mieux analyser la situation et prendre les bonnes décisions, il faut s’intéresser aux politiques monétaires des banques centrales et aux anticipations des marchés financiers. Ainsi, l’Euribor* 3 mois, indice de taux courts termes de référence, reflète la politique de taux de la Banque centrale européenne (BCE). De même, l'OAT** 10 ans, indice de taux moyens termes de référence, traduit l’anticipation des marchés sur les taux à venir. Ces deux références offrent, habituellement, une tendance fiable quant au niveau et à l’évolution probable des taux.
À l’heure où nous écrivons***, l’Euribor 3 mois est à 1,99 %, baissier en tendance et l'OAT 10 ans est à 3,24 %. Les taux à court terme ont fortement augmenté depuis deux ans pour contrer l’inflation. La bataille est toujours en cours, la BCE baissera ses taux si l’inflation reflue. Quant à l’OAT 10 ans, la hausse s’explique par le contexte économique et politique français, assez incertain, du moment. Ces indicateurs sont à surveiller de près, car à en croire Pierre Dac, « rien n’est moins sûr que l’incertain ».
*Euribor : Euro Interbank Offered Rate
**Obligation assimilable du Trésor
***6 août 2025