RSE et valeur d'entreprise : convergence ?
Publié le 24.07.2024 par Mickaël Gillé
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Evaluer pour se projeter au long terme
Évaluer son entreprise ne devrait pas être réservé uniquement à une opération de cession ou de transmission. On peut en effet le voir comme un acte de gestion d’un patrimoine, une projection à long terme. L’estimation d’un immatériel peut être gage de renforcement, de modifications pertinentes, et d’engagements durables en fonction de l’orientation qu’on souhaite donner à son entreprise. L’objectif est alors bien de s’assurer que l’entreprise sera toujours là demain, capable de produire, de vendre, de répondre à un besoin, de façon pérenne. Cette recherche de pérennité inscrit l’entreprise dans le long terme et nécessite de prendre en compte ses impacts sociaux, environnementaux et sociétaux.
La prise en compte de la variable RSE
Pour parfaire l’évaluation, lorsqu’il y a une démarche RSE en place, elle intègre volontairement les préoccupations éthiques, environnementales, sociales et sociétales dans les objectifs de l’entreprise, (au-delà de ses obligations légales), dans son organisation et au service de sa raison d’être. La RSE impacte alors directement le capital immatériel de l’entreprise. Elle ne saurait représenter à elle seule une quelconque valeur marchande, mais plutôt une mesure qui crée une valeur. Elle favorise la valeur mais elle tient d’abord compte du sens et des services auxquels elle contribue. Tout est affaire d’enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux (actuels et futurs) dont s’est emparée l’entreprise pour être cohérente avec ses objectifs, sa raison d’être, sa présence au cœur d’un système, ses relations avec ses parties prenantes.
La prise en compte des critères RSE n’est probablement pas une nouveauté dans l’impact sur la valorisation des entreprises. Elle se caractérise toutefois mieux sous l’angle d’une démarche organisée. La prise en compte de critères qualitatifs, par exemple via une matrice SWOT, dans les méthodes d’évaluation d’entreprise est d’un usage ancien. Néanmoins, prévues par la loi NRE de 2001 et les lois « Grenelle de l’Environnement » de 2009 et 2010. la démarche RSE et les critères ESG, de par leur rigueur et leurs mesures rendent concrètes des qualités, perspectives, démarches, qui jusqu’à maintenant n’étaient que peu tangibles.
Le métier comptable en pleine adaptation
Certaines méthodes de comptabilité évolutives, en réflexion, telle que la méthode CARE (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology) encouragent les acteurs économiques à réinterroger leurs modèles économiques, définir leurs impacts sociaux et environnementaux et identifier des leviers d’action en faveur d’un développement plus durable. Pour cela, le cadre comptable permet de représenter au passif du bilan les capitaux naturels et humains et à l’actif leurs emplois par l’entreprise. CARE applique le principe de prudence pour mesurer les montants à intégrer au bilan. La dégradation des capitaux est comptabilisée par le biais du calcul des coûts de maintien de ces capitaux et la technique de l’amortissement comptable à l’actif du bilan de la structure permet de suivre le coût annuel à prévoir pour assurer la préservation.
Il n’en reste pas moins qu’en comparant la valeur de deux entreprises similaires, l’état physique des infrastructures (même valorisées classiquement dans un bilan), la richesse ou l’épuisement d’un sol sont des marqueurs très différenciants qui peuvent alors valablement déprécier ou altérer cette évaluation. Les critères de RSE sont bien la mesure de la stratégie de l’entreprise mais donnent matière à la valorisation de celle-ci dans de nouvelles dispositions plus lisibles.
Pour mettre en valeur son entreprise
- Adosser la démarche RSE à la valorisation de l'entreprise tant dans les objectifs que dans les investissements pour l'avenir
- Mesurer et évaluer de façon prudente
- S'inscrire dans le long terme