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Paroles d'agriculteur

Bien préparer sa retraite

Né en 1951, Jean-Pierre Mazard est un retraité serein. Vigneron de profession, il reste actif sur l’exploitation viticole gérée aujourd’hui par ses deux enfants. Dans le cadre du cumul emploi-retraite, il met à profit ses connaissances du terroir pour promouvoir le domaine et guider les visiteurs vers de belles découvertes des vignes, de la faune et de la flore. Une activité créée sur-mesure pour vivre la retraite qui lui convient.

Trouver sa place pour une retraite sereine

Jean-Pierre Mazard, retraité depuis 2015, est devenu salarié de  son ancienne exploitation viticole à Talairan (11), au cœur des corbières et du pays cathare. Ce cumul emploi-retraite lui permet de rester actif et de toucher un salaire en complément de sa faible pension de retraite. Il met à profit son expérience  et ses connaissances du terroir au service du vignoble tenu désormais par ses enfants. La passation s’est vue facilitée par la bonne entente familiale et une active préparation à la retraite.

Né en 1951, Jean-Pierre Mazard fait partie de ces vignerons passionnés, amoureux de leurs vignes et très impliqués dans le monde professionnel viticole. Il se souvient d’une situation compliquée lorsqu’il prit la succession de son père. Ce dernier avait son organisation, ses habitudes de travail et, comme dans beaucoup de familles, les différences générationnelles avaient du mal à cohabiter. L’un ayant des difficultés à passer le relais et l’autre voulant apporter des idées nouvelles. Le compromis avait commencé par la création d’un Groupement foncier agricole familial. À l’époque, avec son épouse Annie, Jean-Pierre construit un hangar de 430 m2, réaménage deux caves dédiées à la vinification, puis installe un tapis roulant qui monte la vendange pour faire la macération à grains entiers, ainsi que les premières mises en bouteilles des vins du domaine. En 1990, il crée un cellier de dégustation avec l’idée de proposer quelque chose de différent : une visite du cellier commentée, suivie d’une présentation et d’une dégustation des vins du domaine. Il propose ensuite auxvisiteurs de les guider autour de ses vignes pour leur faire découvrir l’histoire du terroir, de l’appellation, sans oublier la faune, la flore et l’architecture rurale. Tout cela sans l’aval de son père qui acceptait difficilement ses investissements et ses choix stratégiques. Ayant dû se battre pour imposer ses idées, Jean-Pierre ne souhaitait pas renouveler l’expérience d’une passation douloureuse lorsqu’il partirait lui aussi à la retraite. Il avait à cœur de bien préparer son départ afin de vivre sa retraite le plus sereinement possible.

Être accompagné pour faire les bons choix

La retraite est souvent associée à la cessation d’activité, mais « préparer sa retraite » consiste à anticiper et avoir une réflexion en deux temps. D’abord, il convient de s’interroger sur la transmission du patrimoine (intégration, passation…) puis, dans un second temps, d’aborder l’aspect humain et personnel de la cessation d’activité. C’est cette démarche que Jean-Pierre a initiée à 50 ans. Il a voulu être acteur de sa retraite afin d’éviter, autant que possible, une transmission difficile. Ainsi, dès les années 2000, il intègre ses enfants dans sa société : Damien à la production et Marie-Pierre pour la vinification et la gestion. Puis, à la suite d’une rencontre déterminante avec des visiteurs belges venus rechercher des orchidées rares au milieu de ses vignes, il se lance, en 2006, dans un nouveau projet de promotion de la garrigue et de sa biodiversité. Il monte ainsi le « Sentier des orchidées », balade vigneronne au sein de son domaine, qui s’intègre dans les pôles d’excellence rurale mis en place par Dominique de Villepin. Quatre années de travail ont été nécessaires pour voir aboutir ce projet à vocation pédagogique, réalisé avec le concours de spécialistes botaniques, historiens et astronomes. 16 panneaux ont été rédigés et positionnés tout au long du sentier. Ils correspondent chacun à un thème lié au lieu : le puits, les orchidées, les petits habitants de la garrigue, les arbres, la truffe, etc. De plus, en parcourant le kilomètre et demi de balade, les visiteurs passent par le “Chemin des planètes” à l’extrémité duquel se trouve le Soleil (sculpture en métal de 2m de diamètre). Tout au long des 250 mètres du chemin, sont placées, à l’échelle des grandeurs et des distances, les planètes de notre système solaire. Chacune possède sa fiche technique, réalisée par les enfants des écoles qui jouxtent Talairan. Ce sentier apporte un véritable atout à la visite du domaine et permet aujourd’hui d’attirer de nombreux visiteurs. Et, en 2011 c’est le déclic : « Quand j’ai eu 60 ans je me suis dit que l’heure avait sonné, non pas de tout arrêter mais de penser à la suite... J’ai commencé à réfléchir à ma retraite et Cerfrance m’a bien accompagné dans cette démarche, notamment grâce à une étude etraite personnalisée qui m’a permis de prendre les bonnes décisions ». Compte tenu de la législation en vigueur et de son année de naissance, Jean-Pierre pouvait partir à la retraite à l’âge de 60 ans et 4 mois, en ayant tous ses trimestres, et ainsi profiter d’une retraite à taux plein. Mais l’obligation de cessation de toute activité a été un frein à son départ car il avait des mandats professionnels en parallèle qu’il souhaitait poursuivre : « Une des contraintes de la profession agricole est que si vous cessez d’être exploitant, vous ne pouvez plus siéger dans les instances et cela me tenait à cœur. J’ai donc décidé de reporter mon départ en retraite pour cette raison ».

Passer le cap de la retraite

Quelques années plus tard, à la suite d’un accident, il a passé le cap. Il s’est retiré de ses mandats professionnels tout en continuant de s’impliquer dans l’animation du cellier, du Sentier des orchidées et du Chemin des planètes. Contrairement aux autres professions, l’exploitant agricole, qui est assujetti à la Mutualité sociale agricole (MSA) grâce aux surfaces qu’il exploite, ne peut pas reprendre ni poursuivre une activité non salariée agricole. S’il souhaite cumuler intégralement sa pension de retraite avec des revenus professionnels, il doit changer de statut social. Dans la mesure où Jean-Pierre souhaitait être actif sur le domaine, il convenait de lui trouver un autre statut. Il est donc devenu salarié de son ancienne exploitation dans le cadre du cumul emploi-retraite. Il aime à dire avec le sourire : « Je suis embauché en tant que salarié hautement qualifié ! Je travaille sur l’exploitation d’une autre façon : je m’occupe du commercial (livraison du vin, participation aux salons…) et je fais vivre le cellier et le Sentier des des orchidées et des planètes. Quand il y a des groupes qui arrivent, je les accueille ; on parle de vin, d’abbaye, de catharisme... En un mot : je communique ! Si les clients viennent jusqu’à Talairan c’est pour trouver autre chose que l’achat minute ! » Malgré une carrière complète, voire au-delà de la durée d’assurance nécessaire, Jean-Pierre perçoit moins de 1 000 euros par mois de retraite. Les enfants gèrent le domaine, de la production à la commercialisation. L’organisation mise en place satisfait tout le monde. L’important dans cette collaboration étant de définir les rôles de chacun. « Je reste impliqué sur l’exploitation de façon raisonnable. Toutes les décisions sont prises par mes enfants et je ne donne mon avis que si on me le demande. » Jean-Pierre a trouvé sa place et se dit prêt à continuer encore 20 ans ! Il prend plaisir à guider les visiteurs, à partager avec eux sa passion pour le terroir et ses trésors naturels, et à faire rayonner le domaine. Il parle de ses vins de façon paternelle et souligne qu’aujourd’hui il « distribue beaucoup plus de cartes de visite que ses enfants ! ».

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