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Paroles d'entreprise

Cap sur la sobriété énergétique

En 2020, Lionel Louasil reprend les rênes du moulin de Roudun, en Bretagne. Tout en conservant le savoir-faire ancestral et les machines historiques, il cherche à diminuer, autant que possible, l'impact environnemental de son activité.

Lionel Louasil prend les rênes du moulin de Roudun en mai 2020. Il en fait le parfait exemple d’une entreprise qui allie savoir-faire ancestral, sobriété énergétique et recherche d’innovation.

Une quête de sens

Il existe des lieux chargés d’histoire qui prouvent que les solutions du passé sont, pour certaines, des solutions d’avenir. Des bâtiments en pierres du XVIe siècle bordent une paisible rivière de la campagne bretillienne. Un petit bassin rempli de nénuphars déverse ses eaux à travers une grille retenant les feuilles d’automne pour  former un cours d’eau qui traverse la propriété et active la turbine en fonte de 1927, tournant inlassablement… La poésie qui se dégage du Roudun nous ferait presque oublier que, depuis des siècles, la fonction de la propriété est avant tout de produire de la farine.
Jusqu’en 2020, le moulin était la propriété de la famille Souffleux depuis huit générations. En mai de cette même année, à la faveur d’une reconversion professionnelle, c’est Lionel Louasil qui en prend les rênes. Cet achat concrétise une volonté d’être entrepreneur tout en conservant un lien avec l’opérationnel, d’avoir un faible impact environnemental et de se sentir utile à travers la fabrication d’un produit de première nécessité, la farine. Diplômé de Polytech Nantes, Lionel a débuté sa carrière professionnelle dans une usine agroalimentaire, d’abord en tant qu’alternant avant de devenir rapidement technicien, puis responsable de la maintenance au bout de six mois. Lionel est comme un poisson dans l’eau au milieu de ses installations : « Ce qui était, à la base, la plaisanterie d’un fournisseur a tout de suite attisé ma curiosité : reprendre l’exploitation d’un moulin à eau. La visite des lieux m’a très vite convaincu et le projet cochait toutes les cases ! ».

Le choix de la sobriété énergétique

Lionel est tout de suite très enthousiaste lorsqu’il découvre les machines fonctionnant encore parfaitement malgré leurs cent ans de services ! C’est bien le cœur du projet : être utile localement tout en étant sobre énergétiquement, réduire voire annuler son empreinte carbone et avoir un outil de production le plus durable possible. L’indice de réparabilité n’est pas noté sur les machines mais, au premier coup d’œil, on remarque immédiatement la robustesse de l’installation, fabriquée à partir de matériaux nobles (bois, fonte, étain, cuir…). 
Une bonne maintenance, réalisée par Lionel, permet alors de conserver encore pour longtemps un parc de machines performantes et dotées d’un attrait esthétique hors du commun. « C’est une vraie satisfaction de pouvoir réaliser moi-même la maintenance du parc machines, de connaître son fonctionnement. S’il y a une panne, les pièces de rechange sont commandées auprès du tourneur fraiseur du village voisin, qui les crée sur-mesure. Il n’est pas question de les commander à des milliers de kilomètres, pour des raisons écologiques mais aussi de bon sens, pour favoriser le savoir-faire local et les échanges entre entrepreneurs voisins ». Et que dire de la réutilisation des courroies en cuir qui, après avoir été sollicitées quotidiennement pendant des dizaines d’années, trouvent une seconde vie… en charnière pour des trappes d’accès entre les étages ! Comme le disait Lavoisier, « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

 

Avec une pointe d’innovation

Ce n’est pas pour autant que Lionel ne cherche pas à améliorer le process. Bien au contraire. Dès la reprise, il constate que la production d’énergie n’est pas captée à sa pleine capacité. Il prend alors la décision de ne plus relier la turbine aux moteurs mais de la brancher à un générateur afin de produire de l’électricité même quand le moulin n’est pas en activité. Cette installation, couplée à un variateur de vitesse, va considérablement améliorer la productivité et donc réduire le temps de production. Autre avantage : la production d’énergie complémentaire à celle utilisée par le moulin permet de compenser, en partie, les périodes durant lesquelles le débit d’eau n’est pas suffisant pour faire tourner la turbine. « Sur les dix dernières années, la turbine a fonctionné en moyenne 5 mois ½ par an. Les niveaux de pluviométrie actuels me font craindre un recul de cette moyenne, d’où l’in-térêt d’optimiser l’installation et de la coupler à d’autres sources d’énergies renouvelables ».

Multiplier les sources d’énergies

Lionel a en effet pour projet d’installer des panneaux photovoltaïques pour produire aussi de l’énergie en été et compenser ainsi le manque de production d’énergie hydraulique à cette période. En effet, l’énergie produite en trop en hiver est vendue au réseau car le stockage de celle-ci est impossible au moulin. Le néo-meunier fourmille d’idées afin de rendre son entreprise la plus sobre possible énergétiquement, sans compromettre son équilibre financier ou le service client. Les bureaux sont en cours d’isolation pour conserver la chaleur issue d'un poêle à pellets, installé tout récemment. Celui-ci permet de tester un nouveau projet : le pellet incluant du son. Il s’agit ici de valoriser le produit de A à Z. L’objectif n’est pas de « développer pour développer » mais bien d’optimiser un outil et une consommation d’énergie en vue de réduire, voire d’annuler, le cycle carbone de la production de farines. Lionel a également en tête d’installer une micro-méthanisation à son échelle.

Une distribution en circuit court

La question des livraisons reste un sujet complexe à traiter pour l’entre-prise. Mais là encore, plutôt que de subir le cours des événements, Lionel s’adapte et met en place une stratégie qui base son développement sur la valorisation du local : réduire sa zone de livraison progressivement à 50 km autour du moulin et s’approvisionner dans une limite de 100 km. Quelques livraisons sont réalisées en même temps que les déplacements commerciaux, en utilitaire électrique récemment acquis afin de réduire l’empreinte carbone de la société. Cette démarche volontariste est un vrai élément différenciant et séduit de plus en plus de boulangers, restaurateurs ou encore la grande distribution. Certains retours sont parfois inattendus : « Une cliente du village d’à côté m’a confié qu’elle insiste auprès de son boulanger toutes les semaines pour qu’il achète notre farine car elle veut avoir la baguette la plus locale possible. J’ai bon espoir qu’il franchisse le pas prochainement ! ». 

Une vente directe en boutique

Cette volonté de travailler en proximité se matérialise aussi par l’ouverture d’un magasin de vente directe, trois demi-journées par semaine, pour développer le circuit court auprès des clients particuliers. On peut y retrouver les farines conventionnelles et bios, les levures, les préparations pâtissières, les nouilles ou encore toute une gamme d’aliments pour animaux. La boutique est tenue à tour de rôle par Lionel ou l’un de ses trois salariés qui l’épaulent dans la bonne marche de l’entreprise avec une recherche de pratiques toujours plus respectueuses de l’environnement.


La gestion d’une entreprise n’est pas un long fleuve tranquille, qui plus est dans un contexte économique incertain. Alors, limiter sa dépendance énergétique, son impact environnemental et miser sur des procédés éprouvés qui réduisent le recours à une technologie parfois fragile, voilà ce que nous suggère le moulin de Roudun... qui n’a pas fini de tourner !

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